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Travailleur isolé : un DATI ne suffit pas ! |
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Pour
protéger effectivement un travailleur isolé, il ne suffit pas de
l’équiper d’appareils électroniques communicants. Sans procédure
testée, sans plan de secours, cette sécurité serait généralement
illusoire. |
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Celui
que l’on appelle travailleur isolé réalise, généralement seul, une
tâche dans un contexte où il ne peut pas être vu ou entendu directement
par d’autres personnes, où la probabilité de passage de tiers est
faible. Il peut éventuellement être pris de malaise, être bloqué sans
issue, être agressé… Placé en situation de détresse, il a besoin de
secours parfois très rapidement et doit signaler son état pour
déclencher de l’aide. Ce type de situation progresse dans tous les
secteurs d’activité, ce qui concourt au développement de tous les
outils de PTI (protection du travailleur isolé), parmi lesquels le DATI
(Dispositif d’Alarme du Travailleur Isolé). Pour autant que l’employeur
ait effectivement mis en place de véritables moyens de prévention et un
plan efficace en cas d’urgence, un DATI pourra trouver toute sa place,
éventuellement en complément d’autres moyens. En effet,
potentiellement, ce genre de dispositif d’alarme peut se révéler fort
précieux, sauver une vie, même : il préviendra les secours en temps
utile (instantanément), enverra une alerte à un veilleur, qui lui-même
déclenchera le déploiement d’une intervention pour prendre en charge le
travailleur isolé en situation de détresse. |
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Crier dans le désert ? |
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A
défaut de ces précautions en amont, dûment validées de surcroit, le
DATI résumera ses effets à une gesticulation inutile et coûteuse, voir
dangereuse : un signal d’alarme qui n’est pas entendu parce qu’il n’y a
pas d’opérateur pour le guetter revient à un cri dans le désertLes
fabricants ou les distributeurs qui ne se contentent pas de vendre des
« solutions clés en mains » sont d’accord pour souligner que l’adoption
de ce genre de technologie doit obligatoirement être la conséquence
d’un plan mûrement réfléchi : ce plan peut se résumer à une procédure
élaborée et validée d’organisation des secours, mais il doit avoir été
formalisé et communiqué aux intéressés. Un DATI est un moyen de
prévention, parmi d’autres que l’employeur met en œuvre pour assurer la
PTI (protection du travailleur isolé). Or il est évident que cet
équipement à lui tout seul n’assure aucune protection ; il peut même
conduire l’employeur et l’utilisateur à croire qu’ils ont pris les
précautions qui s’imposaient alors qu’ils en sont bien loin, par
hypothèse. |
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Evaluer les risques |
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La
toute première étape est évidemment de recenser les situations de
travail isolé et d’évaluer les risques qui en découlent pour les
intéressés (et ceux qui dépendent de lui à un moment donné), mais aussi
pour le système dans son ensemble, une situation dégradée pouvant aussi
avoir des conséquences matérielles. L’analyse doit être très complète :
elle portera sur le poste de travail (sur place, avec les intéressés),
sur le contexte, les conditions et les contraintes de l’activité, sur
les contacts avec des produits dangereux ou l’usage d’équipements à
risques, sur l ‘éloignement et les moyens de communication, et enfin
sur les travailleurs isolés eux-mêmes (âge, santé, formation,
expérience…). Dans le meilleur des cas, il peut résulter de cette
analyse qu’une organisation du travail différente fait disparaître ces
risques. Sinon, le DATI fait partie de la combinaison de moyens qui
peuvent contribuer à la sécurité du travailleur isolé. |
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DATI = procédure et tests préalables |
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L'usage
d’un DATI doit impérativement s’appuyer sur un plan, une procédure qui
aura permis de vérifier que toutes les situations sont bien prévues. Il
convient notamment d’avoir apporté les bonnes réponses aux points
suivants : > destinataire du signal d’alarme ? > risques inhérents au site (ou au travailleur en personne) ? > qui, ou quoi, a déclenché l’alarme ? > comment lever un doute (faire la différence entre une fausse alarme et une vraie urgence ? > est-il nécessaire de localiser le travailleur isolé ? > peut-on accéder au site, où sont les moyens d’accès ? > quels secours déclencher ? > s’est on assuré que le système est efficace, comment ? > les mesures adoptées ont-elles bénéficié de simulations en vraie grandeur ? > quelle maintenance a été prévue ? |
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3 questions à... Nicolas Morel, Directeur général de Magneta |
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Un DATI est-il la solution pour protéger un travailleur isolé ? Un DATI n’est pas suffisant, il ne protège pas, ce n’est qu’une alarme qui réduit les temps d’intervention et permet de secourir au plus vite. A condition que cette alarme soit reçue, gérée, tracée. La difficulté, pour le client, c’est la mise en œuvre de vraies procédures en interne, avec une supervision, une gestion, de la formation… En effet, c’est le plus complexe. C’est pourquoi nous proposons un accompagnement et des services pour gérer l’ensemble de la question sur la protection du travailleur isolé. Pour simplifier, nous sommes confrontés à deux cas typiques : le client qui veut s’équiper sous la contrainte et cherche d’abord un prix, peu importe la suite. Ils va trop vite et achète le premier produit ; et puis il y a le client qui a une vraie réflexion, sérieuse, élaborée. Son responsables QHSE s’empare de la question, avec ses tenants et aboutissants : ils veut une vraie solution, un service effectif, pas seulement un DATI. Comment se présente le marché du DATI ? Malheureusement, beaucoup de sociétés attendent un problème ou un accident pour s’équiper, ou encore ne prennent conscience du risque que depuis peu, c’est à dire tardivement. Le taux d’équipement est encore faible et c’est un marché qui se développe, ainsi nous comptons des centaines de clients chaque année qui s’équipent pour la première fois. Beaucoup de métiers sont concernés : agents de sécurité, maintenance, nettoyage, horaires décalés dans l’industrie, métiers sous astreintes, locaux ou entrepôts excentrés, caristes isolés en raison de leurs déplacements permanents… Il reste donc beaucoup à faire, d’autant que la question de l’isolement se pose de plus en plus. Dans ce marché, c’est l’obligation de résultat qui s’impose. Fournir un appareil ou un moyen ne suffit pas : il faut former, informer, tracer, vérifier, tester… ce que seul un petit nombre d’acteurs sait faire parmi les fournisseurs. Un « Smartphone » peut-il être un DATI efficace ? Un Smartphone n’est pas un DATI, c’est d’abord un téléphone, pas un équipement dédié à la sécurité. Pour le transformer en DATI, une appli sera installée dessus, mais il est tout aussi simple de la désisntaller, volontairement ou accidentellement. Dans la vie de tous les jours, ce Smartphone n’est pas forcément porté par l’intéressé, ou alors il est beaucoup utilisé pour d’autres applications. Cela peut poser des problèmes d’autonomie, de fausses alertes, des « plantages » inhérents aux environnements multi-applications, et puis il n’y a pas de bouton « SOS » dédié. Nous avons un devoir de conseil : nous sommes responsables des appareils que nous vendons. Un DATI, c’est comme un EPI : ce serait une erreur de le mélanger à un téléphone : il doit être disponible en permanence et ce ne devrait donc pas être un appareil multi-tâches. |
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DATI : fonctionnement |
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La mission d’un DATI est de transmettre un signal correspondant à une alarme. Ce signal peut être transmis de plusieurs façons : par liaison herzienne (radio, GSM, GPRS…), par liaison filaire (réseau téléphonique ou informatique) ou par une combinaison de ces différents modes. Ce signal pourra aussi éventuellement être horodaté, localisé et enregistré en vue de laisser des traces facilitant l’analyse. Selon le type de DATI, le signal transmis peut être plus ou moins riche : qualification de la cause (santé, agression, situation suspecte…), localisation du travailleur isolé, par exemple. | ||
Avis d'expert : Claude Jaubert, Deveryware, responsable de l'offre LocSight « Quelles questions se poser ? » |
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Au moment de choisir un DATI et de formaliser la procédure de secours,
il convient de s’être interrogé et d’avoir des réponses. Pour
simplifier, je résume l’interrogation à 4 questions : > Si le travailleur isolé qu’il s’agit de protéger est en situation de mobilité (ce qui est notre spécialité), quels sont les moyens de géolocalisation dont nous disposons ? Pouvons nous certifier que cette géolocalisation sera toujours effective ? > Quels moyens de communication ? Le travailleur mobile est susceptible de se trouver parfois à des endroits où les moyens de communication classiques ne passent pas. De quels types de liaisons et de moyens disposons-nous (GPRS, SMS, voix, satellite…) et faut-il les combiner pour disposer d’une couverture à 100% ? > Parmi les très nombreuses possibilités existantes (souvent méconnues des acheteurs), a t-on bien adapté les bonnes alertes et le DATI envisagé les supporte t-il ? > Enfin, qui fait quoi en cas d’alerte ? Autrement dit, qui va traiter l’alerte : est-ce une équipe d’astreinte, un prestataire de télésurveillance, le service de nuit de l’entreprise ? Les réponses ont un impact sur les moyens de communication, car ce sont ces gens là qui déclenchent les secours et qu’ils vont notamment avoir besoin de donner des indications précises de localisation. Nous avons une approche globalisante de cette problématique. Nous choisissons toujours les vecteurs de communication les plus fiables en fonction de la fourchette économique qui nous est indiquée. » |