La France, mauvaise élève de l’Europe
Selon les chiffres de l’Observatoire de la Mutualité Française, la France est le plus mauvais élève de l’Europe en matière de sécurité au travail. Et les chiffres sont tristement éloquents.
Plus de 200 000 travailleurs décèdent chaque année de maladies professionnelles au sein de l’Union européenne. Avec 3 425 accidents du travail pour 100 000 personnes en emploi, la France se situe en haut du classement des pays européens puisque ce chiffre correspond à 3,5 accidents mortels du travail pour 100 000 personnes en emploi en 2019, soit deux fois plus que la moyenne européenne (1,7 accident mortel). En France, c’est le secteur de la construction qui connaît le plus fort taux d’accidents : 53,4 accidents du travail avec arrêt pour 1 000 salariés, contre 33,5 sur l’ensemble des secteurs.
Autre constat alarmant : environ 10 % des accidents graves du travail concernent les plus de 60 ans. Plus précisément, les accidents graves, qui entraînent une incapacité à travailler, représentent 8 % des accidents chez les 50-59 ans, et près de 10 % chez les plus de 60 ans. Voilà qui donne à réfléchir en plein débat sur les retraites et l’allongement de la vie au travail…
A noter que côté maladies professionnelles, les TMS seraient à l’origine de 88 % des maladies professionnelles. En 2019, 45 000 personnes étaient concernées.
Offre santé insuffisante…
Autre enseignement. Toujours selon l’observatoire, 52% des actifs se sentent mal informés sur les questions liées à la santé au travail comme les maladies professionnelles ou les souffrances psychiques. Tandis qu’un peu moins de 40 % considèrent que leur travail est à l’origine d’une dégradation de leur santé.
Or, ces chiffres sont à rapprocher de plusieurs autres. Par exemple, le manque chronique de médecins du travail dans certaines régions et départements. Par exemple, on comptabiliserait 2,8 médecins du travail pour 100 000 habitants dans le Cantal contre 20,4 pour 100 000 habitants à Paris ! Manque de médecins du travail donc, mais aussi de services de santa au travail. En effet, selon les chiffres de la Mutualité Française, 61 % des salariés du secteur privé n’ont pas bénéficié d’une visite avec un service de médecine du travail au cours de l’année et 6 % des salariés n’en ont jamais bénéficié.
Des actifs mal informés
Par ailleurs, 52 % des actifs se sentent mal informés sur différents aspects liés à la santé au travail comme les maladies professionnelles physiques ou les souffrances psychologiques liées au travail, voire confient manquer d’informations sur les interlocuteurs à contacter en cas de souffrance au travail. Un déficit en services de santé au travail qui a aussi des conséquences sur les dirigeants qui se sentent en manque d’accompagnement et en manque d’information, qu’il s’agisse des actions à mener pour améliorer la santé des salariés au travail ou sur ce que recouvre effectivement le mal-être au travail.
Pour améliorer une meilleure prise en compte des questions de SST aux profits des salariés, la Mutualité Française propose, par exemple, et afin de limiter l’usure professionnelle et de la pénibilité, d’élargir l’accès au départ anticipé en retraite pour incapacité permanente liée à l’usure professionnelle. Ou de réintroduire dans le compte professionnel de prévention, les 4 facteurs de pénibilité supprimés (postures pénibles, charges lourdes, vibrations mécaniques, et agents chimiques dangereux).
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